Le stress post-traumatique
Les troubles du stress post-traumatique (TSPT) sont des troubles psychiatriques qui surviennent après un événement traumatisant. Ils se traduisent par une souffrance morale et des complications physiques qui altèrent profondément la vie personnelle, sociale et professionnelle.
Face à un même événement, le risque de développer de tels troubles dépend de facteurs préexistants propres aux patients et du contexte dans lequel les suites de l'événement se déroulent.
La prise en charge passe essentiellement par la psychothérapie (thérapie cognitivo-comportementale, EMDR).
Comprendre les troubles du stress post-traumatique
Les troubles du stress post-traumatique (TSPT) se développent après un événement extrêmement traumatisant et se manifestent par sa reviviscence régulière, accompagnée de manifestations physiques liées à l’émotion extrême ressentie. Ils altèrent de façon significative la vie personnelle, sociale et/ou professionnelle.
Ces troubles psychiatriques surviennent chez des enfants ou des adultes qui ont été exposés à un événement marquant, comme une menace de mort imminente, de blessure grave ou d’atteinte de l’intégrité physique dont ils ont été victimes ou témoins. Les TSPT peuvent également survenir après l’annonce d’une mort violente ou inattendue, ou d’un évènement grave touchant un proche.
Aussi, les individus souffrant de TSPT peuvent être tout autant des personnes qui ont participé à des combats militaires, été victimes d’une agression physique ou sexuelle, d’une catastrophe naturelle, ou d’une prise d’otage, que des professionnels qui sont intervenus sur des terrains de catastrophes, des parents qui ont perdu un enfant ou encore des témoins d’un accident, d’un attentat ou d’une catastrophe naturelle. Toutes ont pour point commun d’avoir vécu cet évènement comme un facteur de stress intense ou d’effroi, face auxquels ils se sont sentis impuissants.
Une prévalence élevée dans certaines populations
La prévalence des TSPT serait de 5 à 12% dans la population générale, mais ces données sont principalement issues d’études menées aux Etats-Unis (les études sur le sujet sont plus rares en France et dans les autres pays). De plus, ces chiffres pourraient être sous-estimés du fait de la méconnaissance du trouble et de ses présentations incomplètes qui peuvent échapper au diagnostic.
Un diagnostic associant reviviscence, évitement et activité neurovégétative
Le diagnostic de TSPT est posé chez une personne qui a affronté un évènement traumatique lorsqu’elle présente plusieurs manifestations responsables d’une souffrance et d’une altération du fonctionnement social et de la qualité de vie de façon significative :
- Une reviviscence répétitive des évènements qui peut se manifester sous différentes formes : des flash backs soudains faisant revivre la scène ou faisant penser qu’on se trouve en présence de son agresseur, l’intrusion involontaire et envahissante d’images ou de pensées relatives à l’évènement, des cauchemars de répétition ou la peur réflexe face à des bruits ou mouvements brusques… Cette reviviscence survient spontanément, suite à un stimulus (son, lieu, odeur…) ou encore lorsque la vigilance est moindre (phase d’endormissement). Elle entraîne des manifestations physiques relatives à la détresse psychique : sueur, pâleur, tachycardie, raidissement....
- Un évitement des pensées, discussions ou personnes en rapport avec le traumatisme qui vise d’abord à ne pas faire face à la douleur liée au trauma. De la peur des idées intrusives qui guide cet évitement vont découler des tentatives pour les supprimer de la mémoire. Ces tentatives, généralement inefficaces, vont renforcer la peur initiale.
- Une humeur dépressive, une diminution de la réactivité, des affects, et une perte d’intérêt pour les activités habituelles, sont souvent présents.
- Le développement de signes d’une activité appelée neurovégétative : hypervigilance, irritabilité, difficultés de concentration, troubles du sommeil… sont également observés.
Dans le décours immédiat de l’évènement, ces signes sont considérés comme un état de stress aigu. On parle de TSPT aigus lorsqu’ils persistent plus de 4 semaines. La plupart des personnes vont guérir de ces troubles dans les 3 mois suivant l’évènement, mais environ 20% vont développer une forme chronique du syndrome.
Il faut aussi noter que, s’ils apparaissent généralement immédiatement, au bout de quelques jours, les TSPT s’installent parfois plus progressivement, se constituant tardivement, après plusieurs semaines, mois ou années.
Tous à risque de TSPT ?
Les TSPT résultent d’une interaction entre trois grands groupes de facteurs favorisants :
- Des facteurs préexistants, comme les expériences douloureuses précédemment vécues par la personne, sa sensibilité à la peur, sa personnalité, son état de santé physique et mentale ou encore son âge à la survenue de l’évènement déclencheur. Des facteurs génétiques ou épigénétiques qui contrôlent la plasticité cérébrale, seraient aussi impliqués. Les femmes et les personnes dont le niveau socio-économique ou d’éducation est faible sont aussi identifiées comme plus à risque.
- L’évènement en tant que tel : la sévérité, l’intensité et la durée de l’évènement, son impact émotionnel, sa proximité, ses conséquences physiques… sont autant d’éléments qui vont évidemment modifier le risque potentiel de TSPT.
- Le contexte post-traumatique : si l’existence d’une aide psychologique et d’un soutien social et familial est précieuse, celle d’un stress ou de douleurs chroniques renforce le risque de TSPT.
En tout état de cause, une personne sans facteur de vulnérabilité particulier pourra malgré tout développer un TSPT dans certaines situations.
Un impact puissant sur la vie quotidienne et l’état de santé
Lorsqu’il n’est pas pris en charge, le stress post-traumatique se chronicise et s’associe à d’autres types de manifestations : l’individu se plaint de fatigue chronique et ne présente ni énergie, ni motivation pour mener les activités habituelles de sa vie quotidienne. Il développe souvent des troubles du comportement alimentaire (anorexie, boulimie…), une perturbation de sa vie affective et de sa libido.
Les TSPT sont souvent associés à d’autres troubles de santé mentale comme la dépression ou l’anxiété. Il a des répercussions handicapantes sur la vie sociale, familiale et professionnelle. La souffrance est telle qu’elle accroît le risque de dépendance à des substances psychoactives ou le risque suicidaire.
Par ailleurs, le TSPT est associé à un état de stress chronique qui va retentir sur la santé somatique de l’individu : les personnes qui en souffrent ont un surrisque de migraine, d’hypertension arterielle, d’ulcère gastrique, de maladies dermatologiques…
Le traitement : une prise en charge immédiate et sur le long terme
Afin de prévenir et limiter les effets du stress, un secours immédiat peut être apporté par des psychiatres, des psychologues cliniciens ou d’autres professionnels formés à l’écoute. Ce sont eux qui interviennent dans les cellules de soutien psychologique d’urgence qui sont mis en place lors d’évènements traumatisants survenant dans l’espace public. Le soutien apporté passe par l’écoute et le soutien psychosocial, ainsi qu’une aide matérielle et une orientation post-traumatique. La situation est plus compliquée pour les personnes soumises individuellement à un évènement traumatogène, car elles n’ont pas toujours les moyens d’entreprendre des démarches pour se faire aider.
À distance de l’évènement, les traitements recommandés en première intention sont les psychothérapies, par exemple cognitivo-comportementale ou EMDR (eye movement desensitization and reprocessing). Leur objectif est de limiter l’évitement mental et comportemental qui empêche le souvenir traumatique d’être intégré et traiter comme un souvenir habituel.
Sur le plan médicamenteux, des antidépresseurs ou des anxiolytiques sont souvent prescrits en complément de la psychothérapie, selon les besoins du patient.
Pour 1 patient sur 5 environ, il existe un risque significatif de voir le malade rechuter à l’issue d’une prise en charge adaptée.