Le trouble borderline
Le trouble borderline est loin d'être rare dans la population. Il porte plusieurs noms et se distingue par plusieurs critères. On vous explique tout cela !
Le trouble borderline, c'est quoi ?
Le trouble borderline (appelé aussi trouble de personnalité borderline, personnalité limite, état limite, trouble de personnalité état-limite ou trouble de la personnalité émotionnellement labile) est principalement caractérisé par la dysrégulation émotionnelle, c’est-à-dire que les émotions de ses personnes sont déclenchées plus « facilement », montent plus vite et plus haut, pour redescendre plus lentement. Par exemple, des conflits minimes suffisent à déclencher des crises de colère violentes. Mais les sentiments positifs comme la joie et l’amour sont souvent éprouvés également avec beaucoup d’intensité. De nombreux symptômes types du trouble borderline peuvent être interprétés comme des tentatives par la personne concernée de contrôler ces émotions lorsqu’elles deviennent insupportables.
1 à 2 % (voire jusqu’à 6 % selon les études) de la population présenterait un trouble borderline, ce qui en fait un trouble très fréquent.
Les symptômes
Pour présenter un trouble borderline, il faut, selon les recommandations scientifiques, présenter 5 des 9 critères suivants :
Efforts effrénés pour éviter les abandons réels ou imaginés
Chez les personnes ayant un trouble borderline, la perception d’une séparation ou d’un rejet imminents ou la perte d’une structure externe peuvent profondément modifier l’image de soi et le fonctionnement. Ces peurs d’être abandonné sont liées à l’intolérance à la solitude et au besoin d’avoir d’autres gens avec soi.
Mode de relations avec les autres instables et intenses, caractérisées par l'alternance entre les positions extrêmes d'idéalisation excessive et de dévalorisation
Les personnes atteintes ont un mode de relations instables et intenses. Elles peuvent idéaliser un partenaire potentiel ou une personne qui pourrait s’occuper d’elles après seulement une ou deux rencontres, exiger de passer beaucoup de temps avec cette personne et partager les détails les plus intimes dès le début de la relation. Toutefois, elles peuvent basculer très vite de l’idéalisation à la dévalorisation, estimant que cette personne ne s’occupe pas assez d’elles, ne donne pas assez ou n’est pas assez présente.
Perturbation de l'identité
Par exemple, retournements brutaux et dramatiques de l'image de soi, avec des bouleversements des objectifs, des valeurs et des désirs professionnels ; des changements soudains d'idées et de projets concernant la carrière, l'identité sexuelle, le type de fréquentations.
Impulsivité dans au moins deux domaines potentiellement dommageables pour la personne
Par exemple dépenses, sexualité, consommation de drogues, conduite automobile dangereuse, crises de boulimie.
Répétition de comportements, de gestes ou de menaces suicidaires, ou d'automutilation
Près des 3/4 des personnes souffrant du trouble borderline ont déjà eu un comportement d’automutilation. Il s’agit en général de blessures infligées aux bras, aux jambes ou au ventre à l’aide de lames de rasoir ou d’autres objets coupants, mais on observe aussi d’autres types d’automutilation, comme celles consistant à se brûler ou à frapper violemment différentes parties de son corps contre des objets durs.
Instabilité affective due à une réactivité marquée de l'humeur
Par exemple exaltation épisodique intense, irritabilité ou anxiété durant habituellement quelques heures et rarement plus de quelques jours
Sentiment chronique de vide
Colères intenses et inappropriées ou difficulté à contrôler sa colère
Par exemple fréquentes manifestations de mauvaise humeur, colère constante ou bagarres répétées
Survenue transitoire dans des situations de stress d'une idéation persécutoire ou de symptômes dissociatifs sévères
La dissociation consiste en un sentiment d’irréalité (dénommé déréalisation) ou de détachement par rapport à son corps ou à ses pensées (dénommé dépersonnalisation).
Les autres troubles associés :
- Dépression
- Abus de substances
- Stress post-traumatique
- Trouble panique
- Phobie sociale
- Trouble des conduites alimentaires
- Trouble obsessionnel-compulsif
- Trouble bipolaire (il est à noter que le trouble borderline peut d’ailleurs facilement être confondus avec ce dernier).
L’origine du trouble borderline
Résultat d’abus et de traumatismes ?
Plus de 50 % des personnes ayant un trouble de la personnalité borderline ont subi des maltraitances sexuelles et/ou physiques mais 80 % des adultes avec une histoire d’abus ne développent pas de troubles psychologiques. Cela ne peut donc pas être considéré comme une cause en soi.
Environnement « invalidant »
On retrouve fréquemment (mais pas toujours) dans l’entourage des personnes concernées, dès l’enfance, des adultes qui ont tendance à ignorer ou à réprimer les émotions (« il ne faut pas s’énerver », « ça ne sert à rien de pleurer »). Cela invalide les émotions jugées comme négatives, et inscrit dans l’esprit du jeune que celles-ci sont dangereuses ou problématiques.
Génétique et dérèglements neurobiologiques ?
Il existe une part génétique importante dans le développement d’un trouble borderline puisque 35 % des jumeaux monozygotes (« vrais jumeaux ») comparativement à 7 % chez les dizygotes (« faux jumeaux ») souffrent d’un trouble borderline.
Certains dérèglements neurobiologiques pourraient participer à l’impulsivité et à l’instabilité affective. Mais il est difficile d’affirmer qu’il s’agit d’une cause ou d’une conséquence du trouble.
Combinaison complexe de facteurs
En réalité, le modèle le plus communément admis est qu’il existe une vulnérabilité génétique, sur laquelle surviennent des évènements stressants, contribuant au déclenchement du trouble.
La prise en charge du trouble borderline
Celle-ci repose avant tout sur la psychothérapie. Il en existe plusieurs formes qui ont montré leur efficacité dans le trouble borderline.
La thérapie comportementale dialectique (TCD)
Le terme « dialectique » (résolution des contradictions) signifie que la thérapie apprend aux patients à dépasser le mode de pensée en noir et blanc et à accepter la validité de plusieurs points de vue simultanés.
Le terme « comportementale » indique qu’on se concentre sur les comportements concrètement vécus par les patients et qu’on ne vise pas en priorité une compréhension globale des liens entre les difficultés du patient et son histoire.
Cette approche thérapeutique combine différentes composantes :
- La thérapie individuelle : dans ce cadre, le patient peut discuter des crises affectant sa vie quotidienne ou des thèmes la concernant
- La thérapie de groupe articulant plusieurs modules : la gestion des émotions, le renforcement des capacités de relations avec les autres, des exercices destinés à développer l’attention au moment présent
Lors de ces modules, le patient peut entraîner les compétences comportementales grâce auxquelles il pourra mieux faire face à son trouble.
Thérapie basée sur les schémas
C’est une approche centrée essentiellement sur les principes de la thérapie cognitive et comportementale (TCC).
Le patient questionne les modes de fonctionnement qu’il a développés dans son enfance et il réévalue les stratégies d’adaptation qui se sont révélées peu adéquates. La relation avec le thérapeute, qui prend un rôle de « parent de remplacement », permet alors d’adopter des stratégies conduisant à un meilleur équilibre.
Thérapie basée sur la mentalisation
La mentalisation est la capacité que l’on a de penser que les comportements d’un individu sont reliés à des éléments psychiques tels que des pensées, des désirs ou des croyances qui lui sont propres et qui sont partiellement opaques. Dans le trouble borderline, la capacité de mentalisation est fragilisée.
Ce traitement vise à développer et stabiliser les capacités de mentalisation, en particulier dans les situations chargées d’émotions comme les relations d’attachement. Montrant une efficacité proche de la TCD, il est aussi composé d'un suivi individuel et de groupe et d'un plan de traitement et de crise.
Psychothérapie focalisée sur le transfert
C’est une forme de thérapie proche de la psychanalyse mais avec la mise en place d’un cadre spécifiquement adapté aux difficultés présentées par ces personnes.
Les traitements médicamenteux
Ils sont globalement reconnus comme peu efficaces, et il n’existe pas de traitement médicamenteux de fond pour le trouble borderline.
En revanche ils peuvent être utiles pour traiter les troubles associés ou certains symptômes, notamment l’impulsivité.
À retenir
- Le trouble borderline est caractérisé par la dysrégulation émotionnelle, c’est-à-dire que les émotions de ses personnes sont déclenchées plus « facilement », montent plus vite et plus haut, pour redescendre plus lentement.
- La combinaison de plusieurs facteurs est à l’origine de ce trouble : une vulnérabilité génétique, sur laquelle surviennent des évènements stressants, contribuant au déclenchement du trouble.
- La prise en charge est avant tout psychothérapeutique.